Histoire Antique Hors série N°23: Les Gladiateurs.

Salut à tous!

Que pensez vous de l'article de Markus Junkelmann "La recherche expérimentale: Des soldats romains aux gladiateurs" dans le numéro spécial "Gladiateurs" dans Histoire Antique et médiéval?

Il s'agit d'un article que j'ai trouvé pour ma part très intéressant. Loin d'être consensuel (c'est le moins qu'on puisse dire...) Il fait notamment le "constat" de la reconstitution antico-romaine à la mesure de son auteur. J'estime cette intervention importante pour notre milieu mais bien qu'un certain nombre de reconstituteurs l'ait à priori lu, il ne semble pas avoir suscité beaucoup de commentaires ni avoir fait grand écho.

Avez-vous eu l'occasion de le lire?

Salut Damien,

Cet article arrive à point nommé, et nous en discuterons à St-Romain. J'ai été très favorable à cette lecture, d'autant plus que le thème abordé sur els bataille est justement au coeur de mes reflexions en ce moment, et début mai j'ai proposé aux gaulois d'Esse avec qui nou savons fait nos dernières batailles, de remettre tout à plat, car nous avons perdu notre problématique du départ : non pas se foutere sur la gueule pour rigoler, pour le plus grand plaisir du public qui n'y comprend rien, sinon que nous sommes une belle bande d'abrutis, mais plutôt d'être pédagogues par des démonstrations compréhensibles des maneuvres. A la limite, il faudrait presque qu'il n'y ai pas de contact. Notre premier problème à résoudre, est celui de la discipline des participants.

M. Caelius a écrit:

Salut Damien,

Cet article arrive à point nommé, et nous en discuterons à St-Romain. J'ai été très favorable à cette lecture, d'autant plus que le thème abordé sur els bataille est justement au coeur de mes reflexions en ce moment, et début mai j'ai proposé aux gaulois d'Esse avec qui nou savons fait nos dernières batailles, de remettre tout à plat, car nous avons perdu notre problématique du départ : non pas se foutere sur la gueule pour rigoler, pour le plus grand plaisir du public qui n'y comprend rien, sinon que nous sommes une belle bande d'abrutis, mais plutôt d'être pédagogues par des démonstrations compréhensibles des maneuvres. A la limite, il faudrait presque qu'il n'y ai pas de contact. Notre premier problème à résoudre, est celui de la discipline des participants.

Ce que vous soulignez est ce qui m'éloigne du "médiéval" tel qu'il est encore très majoritairement vu et conçu en France, c'est à dire:
1/ prioritairement militaire, dans le but premier de se f....e sur la g....e (que l'on ait en face de soit de simples évocateurs d'une période ou de vrais reconstituteurs pointilleux : c'est pareil)
2/ et d'intéresser par ce biais le 'turistus basicus" qui vient d'abord sur les "fêtes" et autres rassemblements pour voir des "chevaliers" (le seul mot de son vocabulaire pour désigner un homme d'armes) se f...e sur la g.....e et... accepte de payer pour cela.

il est certes plaisant de voir que certains organisateurs de fêtes publiques comme de rassemblements spécialisés (ex : OPUS MANUUM vers Limoges) cherchent à faire et présenter "autre chose", et surtout, très nombreux sont les visiteurs qui s'intéressent à autre chose quand on le leur propose !
C'est pourquoi notre association, bien que composée de 5 membres sur 6 issus d'un club d'escrime ancienne chorégraphiée, ne propose plus d'animation combat et que mes membres non spécialisés sur les armes de jet s'investissent sur des thématiques civiles variées, que nous pouvons décliner en autant de petits "ateliers pédagogiques".
Et je retire plus de satisfaction de mes animations par exemples, quand j'entend le public dire qu'il a appris quelque chose, s'étonner des nombreuses expressions médiévales de notre vocabulaire quotidien, s'amuser du parallèle que l'on peut faire entre les codes de l'héraldique et celui... de la route, etc... que lorsque par miracle, mon carreau explose la pomme fixée au centre de la cible lors des tirs de démonstration !

il n'y a donc pas que la castagne basique qui intéresse le public, même si un peu de ludique est indispensable pour lui faire aimer l'histoire.
La reconstitution historique a cette force extraordinaire qui consiste à ouvrir les livres au public et rendre palpable ces objets que l'on ne peut voir que dans des musées et ces personnages que l'on ne peut sinon qu'imaginer. C'est en tous cas la motivation que nous y trouvons et nous sommes de plus en plus nombreux à penser de même, mais ... pas encore assez nombreux : il n'y a qu'à aller au rassemblement des Baux de Provence pour s'en persuader !

Donc, le thème que vous abordez là est de pleine actualité dans le monde du "living history" en général.

Dans le cas précis de l'antiquité romaine, bien que je ne la pratique pas (pas encore...) j'ai quand même un avis dessus en tant que "turistus basicus" : je pense que ce qui attire le public - et Dieu sait s'il est attiré, pour accepter de faire une bonne heure de queue en plein soleil à St Romain en Gal !! - c'est ce qui a rendu mythique cette civilisation : la force de son organisation moderne et rigoureuse.
Pour le volet militaire, de beaux défilés avec des manoeuvres parfaitement réglées sont assurément plus intéressants que des combats à armes "mouchetées".
Contempler de près pedites et gradés avec leurs beaux uniformes clinquants, ça fait rêver petits et grands : pas besoin de les voir se f... sur la g..... avec des mouchoirs au bout des pilums pour les trouver fascinants !
Pour se lâcher un peu, dans le médiéval il y a les entrainements des soldats, ou les combats singuliers sur la lice dans des reconstitutions de fiestes d'armes et tournois; pour l'antiquité, il y a la gladiature.
Donc dans tous les cas, pas besoin de mélées douteuses qui font que beaucoup de gens confondent le monde de la reconstitution historique avec celui des pratiquants de jeux de rôles "Grandeur Nature" !!
C'est là en tout cas mon avis ...

Nous sommes d'accord sur l'ensemble. Cependant, il ne faut pas négliger aussi le volet spectaculaire qui fait aussi la réussite de la reconstitution et son attrait. Disons que l'un ne doit pas remplacer l'autre, mais que le second doit compléter et renforcer le premier. En d'autres termes, les démonstrations de combats sont et seront toujours appréciées du public, mais à nous de ne pas faire n'importe quoi. Notre vocation est la pédagogie. C'est pourquoi il faut les doubler d'explications ludiques, de commentaires, voire d'autres types de démonstrations complémentaires. Il y a un juste ton à trouver, ou plutôt à retrouver, car en effet les attentes du public changent, ou pour mieux dire s'expriment différemment. On a du boulot sur la planche.